Elle arrive le pas léger, les yeux rieurs. En un quart de seconde, vous savez : Ana Carla Maza, violoncelliste et chanteuse cubaine de 27 ans, vivant entre Paris (le plus souvent) et Barcelone, croque la vie à pleines dents. Dans ce café parisien où nous la rencontrons, juste avant les fêtes, ses mots fusent : « J’aime être totalement dans le moment présent. Je le chante d’ailleurs dans une de mes nouvelles chansons (Cumbia del Tiempo). Il ne faut pas trop penser au passé parce que l’on devient triste, et pas plus au futur, qui peut vous angoisser. Il faut juste vivre avec joie le présent. » Dans une autre (Fiesta), un merengue, genre musical et danse de la République dominicaine, elle écrit : « Je n’ai pas peur de vieillir, je préfère que mes printemps passent, en dansant et profitant des bonheurs de la journée. »
Journées qu’elle commence par un petit rituel : « Quand je me lève j’écris trois pages dans un cahier. Ce n’est ni un roman ni de la poésie. Juste ce qui me vient à l’esprit. Trois pages de liberté et de création tranquille. Ça me fait du bien. » Depuis son enfance, elle écrit ainsi ses « pages matinales ». « Un jour, peut-être, j’en ferai quelque chose… » Les deux chansons qu’elle vient d’évoquer figureront sur Caribe, son troisième album studio, qu’elle s’apprête à enregistrer à Paris, en février.
Pour ce nouveau projet, elle franchit un grand pas. Après deux propositions en solo (La Flor, paru en 2020, et Bahia, en 2022), elle l’enregistre en sextette, avec Irving Acao (saxophone, flûte), Fidel Fourneyron (trombone), Arnaud Dolmen (batterie), Norman Peplow (claviers), Luis A. Guerra (percussions). Une solide et brillante équipe. Quant à la direction musicale… « C’est moi ! On a besoin de femmes dans ce rôle, trop souvent tenu par des hommes », lance, enthousiaste, Ana Carla Maza.
Disque nourri de voyages
Ce nouveau projet, elle le présentera sur scène au festival Jazz sous les pommiers, en mai, à Coutances (Manche). « On fêtera alors mon 150e concert ! » L’album, dont elle signe toutes les compositions et les arrangements, paraîtra en octobre sur son label Persona Editorial Ltd, comme les deux précédents. Un fil conducteur ? « La palpitation des rythmes des Caraïbes. » Il sera nourri aussi de toutes ses rencontres, de ses voyages. Elle y fera un clin d’œil à Guanabacoa, le quartier de La Havane où elle a commencé le violoncelle à l’âge de 8 ans, après s’être mise au piano un peu plus tôt, avec pour professeure Miriam Valdes – sœur du pianiste Chucho Valdes. Elle lui a dédié un titre de Bahia, son album précédent.
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