Des lycéens manifestent contre la loi travail face à la police le 1er avril 2016 à Paris

Des lycéens manifestent contre la loi travail face à la police le 1er avril 2016 à Paris

afp.com/Elliott VERDIER

Violence pour défendre ses idées, adhésion au fondamentalisme religieux... Une vaste enquête du CNRS, lancée après les attentats de 2015 et publiée ce lundi, tente de mesurer l'impact des idées radicales, notamment religieuses, dans l'univers des jeunes adolescents d'aujourd'hui. Elle confronte les opinions d'un panel volontairement "biaisé" de 7000 élèves de seconde, composé notamment de "jeunes habitants des Zones urbaines sensibles (ZUS), jeunes musulmans, jeunes frontistes, jeunes scolarisés dans des filières professionnelles" à celles de 1800 jeunes censés être représentatifs de l'ensemble des 14-16 ans en France.

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L'étude montre que les 7000 lycéens du premier panel légitiment plus facilement que les autres l'usage de la violence: près de 25% des jeunes interrogés jugent acceptables certains comportements violents ou déviants (voler un scooter, mener une action violente pour ses idées, affronter la police, etc.) contre 8% des jeunes en général (échantillon témoin).

Chez les lycéens de confession musulmane, ils sont près d'un tiers à défendre ces idées (33%), contre 20% des chrétiens et 22% de ceux qui se déclarent sans religion.

Le fondamentalisme minoritaire chez les jeunes musulmans

Un sondé sur dix du panel (11%) déclare à la fois qu'il y a "une seule vraie religion" et que "la religion a raison contre la science dans l'explication de la création du monde". Des idées trois fois plus répandues (32%) chez les élèves de confession musulmane que dans l'ensemble des 7000 lycéens.

En outre, soulignent les chercheurs, près de 4% des jeunes du panel sont concernés à la fois par "l'absolutisme religieux" [selon laquelle la loi d'un Dieu est toute puissante] et par la "tolérance à la violence", une proportion qui grimpe à 12% chez les élèves musulmans.

Les deux chercheurs se sont dits conscients qu'en pleine campagne présidentielle une telle étude pourrait être "instrumentalisée". "Pour le débat citoyen, il nous semblait important qu'on ait accès aux connaissances de notre enquête", fait valoir cependant Olivier Galland, l'un des chercheurs de l'étude. "L'absolutisme est très loin d'être majoritaire chez les musulmans!", tempère Anne Muxel, la co-auteure.

Un échantillon peu étudié d'ordinaire

L'échantillon réalisé auprès de 7000 élèves de seconde est "volontairement biaisé", expliquent les chercheurs Anne Muxel et Olivier Galland, afin d'atteindre "des segments spécifiques de la jeunesse peu étudiés habituellement'. Ainsi le panel compte 25% de jeunes de confession musulmane et 16% de lycéens des ZUS. L'autre panel, a été réalisée en ligne par OpinionWay auprès de 1800 jeunes constituant un "échantillon témoin" représentatif des 14-16 ans en France.

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